Le risque d’une contamination des populations par H5N1, le virus de la grippe aviaire reste faible selon l’OMS. Mais la communauté scientifique, elle, se montre plus inquiète et le niveau d’alerte semble bien avoir monté d’un cran au cours du premier semestre. Si en matière de santé publique, le risque reste considéré faible, le virus évolue et sa capacité à muter pour franchir la barrière des espèces est surveillée de très près. De fait, la liste des mammifères atteint s’allonge Dernière en date : les bovins. L’infection a touché au moins 31 cheptels dans huit Etats américains, des contaminations inédites, car, jusqu’à présent, ces ruminants étaient considérés comme « les mammifères les moins sensibles aux virus de la grippe aviaire », note Gilles Salvat, directeur de la recherche à l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses), cité par Le Monde en avril dernier. Le virus a été retrouvé dans le lait (mais ne résiste pas à la pasteurisation). Un homme a été contaminé sur l’exploitation et soigné pour une inflammation de la conjonctivite, l’un des rares tissus sensibles chez l’humain à ce virus qui ignore encore les voies aériennes supérieures, ce pourquoi la transmission de personne à personne reste difficile.
Il n’en reste pas moins que le virus continue d’évoluer en direction d’une plus grande compétence au franchissement des espèces et sa circulation s’intensifie indéniablement, portée par les migrations saisonnières des oiseaux (la transmission entre bovins n’étant pas exclue non plus dans le cas américain). Pour la première fois, le virus H5N1 a également été détecté sur des caprins en contact avec des oiseaux de basse-cour. « Le foyer a été détecté en février dans un élevage de 165 chèvres dans le Minnesota. Cinq chevreaux nouveaux-nés ont été confirmés positifs par RT-PCR. Ils ont présenté des signes cliniques neurologiques et sont morts », mentionne la plateforme ESA. Autre inquiétude, l’infestation des élevages porcins que l’on sait être des creusets favorables aux réarrangements génétiques. « Pour que ce virus puisse se transmettre d’humain à humain, il faudrait qu’au moins deux mutations surviennent dans un de ses gènes, le gène de l’hémagglutinine », précise Bruno Lina, membre du comité de veille et d’anticipation des risques sanitaires (Covars), également cité par Le Monde.