Exploration

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La vache pointée en «3D »

Le projet Pheno 3D entre dans une phase déterminante cette année avec une longue série d’essais d’un appareil prototype dans les élevages.

Déjà testé dans les conditions maîtrisées d’une ferme expérimentale, celle de Mauron dans le Morbihan, le dispositif d’imagerie 3D capable de restituer la morphologie d’un animale au travers de données de mensuration et de volume, est désormais confronté aux conditions aléatoires d’un usage en ferme. L’équipe des techniciens, notamment de la société conceptrice 3D Ouest de Lannion, cherche ainsi à accumuler de nouvelles données d’usage et à vérifier la tolérance du système à des environnements et des comportements d’animaux dans des conditions les plus proches du réel. « Nous dégradons progressivement les conditions de test dans le but d’obtenir la validation du prototype, explique Maxence Bruyas, ingénieur recherche et développement à Eliance, chargé d’animer le projet. Nous espérons ensuite pouvoir mettre en circulation cinq ou six exemplaires pour accélérer l’acquisition de données de phénotypes : plus on acquerra d’images dans les dix races concernées, plus les algorithmes seront solides ». La validation des algorithmes est programmée pour le printemps 2023 avant la phase d’industrialisation du « scanner » prévue pour 2024, qui marquera le début de son déploiement dans les organismes. 

Ce devrait être alors le début d’une ère nouvelle pour les pointeurs dotés de ce « scanner », qu’il faut imaginer sous la forme d’un portique de 3 m sur 2,5 mètres, démontable et transportable, équipé de capteurs fixes photogrammétriques permettant l’acquisition des données immédiates, tout cela conformément au cahier des charges d’un outil devant s’insérer facilement dans la panoplie du conseiller. Le cahier des charges avait, en effet, stipulé que l’appareil devait être transportable dans tout type de véhicule communément utilisé par des conseillers et, de fait, pouvoir être manipulé le plus facilement par ces mêmes opérateurs. Il doit également être capable de fonctionner sans internet dans le cas d’une intervention en zone blanche mais également aussi bien en extérieur qu’en intérieur, ce qui n’était pas forcément le cas avec les anciennes générations de faisceaux utilisés. S’agissant d’un appareil développé en première intention pour optimiser le pointage au sevrage des jeunes bovins de race allaitante, Pheno 3 D est adapté aux situations se présentant en milieu ouvert, moins prévisibles par définition que l’environnement d’une stabulation. Les animaux ne passent qu’une seule fois entre les optiques du dispositif qui fournira les mensurations de l’animal et estimera son poids grâce à des extrapolations issues de mesures de volume. Ce qui est aussi d’autant moins de manipulations et de stress pour l’animal qui, de fait, n’aura plus non plus à passer sur la balance de pesée. 

L’appareil s’inscrit dans la même relation d’accompagnement que celle qui préside communément aux échanges entre pointeur et éleveur. Il n’a d’ailleurs pas vocation à se substituer à l’expertise du pointeur en matière d’appréciation morphologique. Car si l’appareil opère le recueil de données, cette expertise reste pleinement requise au moment de l’appropriation et de la valorisation des données en lien avec l’éleveur. Le scanner Pheno 3 vient moderniser et fiabiliser la récupération des données de pointage et de pesée que l’on sait soumise à des biais d’influence. Il y a ce que l’on appelle « l’effet pointeur », c’est-à-dire une concordance insuffisante entre deux pointeurs pourtant censés voir la même chose, mais aussi « l’effet race » qui consiste pour un pointeur observant successivement deux animaux de deux races différentes – pour lesquelles il est homologué – à prendre inconsciemment référence sur l’une ou l’autre… Enfin, le projet trouve aussi sa pertinence face à l’effort de formation, constant et important (sessions annuelles d’harmonisation ou d’agrément) que nécessite pour les organismes le maintien à niveau des pointeurs, sans compter leur remplacement en cas de mouvement de personnel. 

L’imagerie 3 D ouvre ainsi de nombreuses autres perspectives. Une fois la technologie totalement maîtrisée dans quelques mois, il sera possible d’acquérir d’autres phénotypes (note d’état corporel, remplissage du rumen,…) à d’autres âges de sevrage, dans d’autres races ou d’autres filières (lait, petits ruminants). La création récente du consortium Animal3D, qui structure le partenariat entre Eliance (qui a pris le relai de FCEL et d’Allice), Races de France et Idele, va permettre d’instruire et de piloter toutes ces innovations futures dans le cadre de Pheno 3D. 

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